Bordeaux, 1875 – Paris, 1908
Joseph Albert, dit Libertad est né à Bordeaux le 24 novembre 1875 de parents inconnus — la légende d’une origine bourgeoise circule. Libertad est pupille aux enfants assistés de Gironde.
Très jeune, il est déjà connu comme anarchiste et surveillé par la police. En août 1897, il se présente à Paris au siège du journal Le Libertaire et s’impose aussitôt. Dès 1899, il est correcteur à l'imprimerie d’Aristide Briand, puis il travaille pour Sébastien Faure. Petit, paralysé des deux jambes à la suite d’une maladie infantile, ne marchant qu’avec des cannes, Libertad est un personnage pittoresque. Quoiqu’infirme, il est provocant et bagarreur. Le 5 septembre 1897, au Sacré-Cœur, il apostrophe le prêtre en chaire. Il fait tournoyer ses cannes, ce qui le rend incontrôlable. Il faut cinq hommes pour l’expulser de l’église. Il est condamné à deux mois de prison. Refus de circuler, rébellion, outrage à agents, voies de fait, cris séditieux lui valent cinq incarcérations entre 1899 et 1907.
En octobre 1902, Libertad fonde à Paris les Causeries populaires dans un local, le Nid rouge, à Montmartre, au 22 de la rue du Chevalier-de-la-Barre. Les réunions sont fort passionnées ; on discute Stirner, Nietzsche, Le Dantec ; parfois on tient conférence sur le trottoir.
Libertad est très influent et a maintenant des adeptes. Le 13 avril 1905, il lance le premier numéro de L’Anarchie, hebdomadaire individualiste. Le Nid rouge abrite alors la communauté de L’Anarchie, constituée des rédacteurs et typographes du journal. Autour de Libertad se groupent des collaborateurs : André Roulot dit Lorulot, Juin dit Émile Armand, Vandamme dit Mauricius, Paraf-Javal, Kibaltchiche alias Victor Serge ; des femmes aussi : les sœurs Anna et Armandine Mahé, avec lesquelles il vit et dont il a deux fils, Minus et Diamant, Jeanne Morand, Rirette Maîtrejean. Quant à la doctrine, professée par les uns et les autres, Victor Serge la définit ainsi : « Ne pas attendre de révolution [...] Faire sa révolution soi-même. Être des hommes libres... » (« Méditation sur l’Anarchie », Esprit, n° 55, 1er avril 1937). Pour eux, il n’y a pas de classes, seuls existent les individus. Aussi prônent-ils le travail en camaraderie et considèrent-ils syndicats et syndiqués avec mépris.
Libertad meurt le 12 novembre 1908, à l’hôpital Lariboisière, d’un anthrax et non à la suite d’une bagarre, comme on l’a souvent prétendu. Il fait don de son corps à la médecine.
(Sources : Le Maitron. Dictionnaire biographique. Mouvement ouvrier, mouvement social, notice « Libertad, Albert, Joseph, dit », [En ligne], URL : http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?page=article_long&id_article=82663, consulté en décembre 2013 ; Anarchopédia, [En ligne], URL : http://fra.anarchopedia.org/Libertad, consulté en décembre 2013.)