L'Anarchie

Colonie libertaire à l'ombre du Sacré-Cœur.
En 1905, L’Anarchie installe ses presses dans la cave d’une maison de la butte Montmartre à Paris.
Les typographes et les rédacteurs du journal y vivent en communauté « pour rompre tout d’un coup avec les préjugés dans l’humanité ».

Rue du Chevalier de La Barre à Paris · carte postale, vers 1905 · documentation Familistère de Guise

Le journal L'Anarchie, fondé par Libertad, s'installe en janvier 1905 dans une maison à deux étages au 22, rue du Chevalier de La Barre à Paris. Dans le premier numéro, Libertad fixe le programme du journal : « Rompre tout à coup avec les idées reçues dans l'humanité. Ne pas être l'opportuniste qui les suit, ni l'idéaliste qui bâtit dans l'île de Salente ou dans le pays de l'Utopie ; vouloir se vivre et avoir l'orgueil de vouloir se vivre, non dans des caprices de fou ou de névrosé, mais en se mettant d'accord avec les connaissances scientifiques actuelles, la meilleure hygiène, la meilleure économie [...]. Cette feuille désire être le point de contact entre ceux qui, à travers le monde, vivent en anarchistes sous la seule autorité de l'expérience et du libre examen » (L'Anarchie, n° 1, 1905). L'imprimerie est logée au sous-sol de la maison. Bien que le journal n'encourage pas particulièrement la formation de milieux libres, « L'imprimerie anarchiste » s'apparente à une colonie libertaire. Une dizaine de personnes y vivent en commun. Une « villégiature anarchiste », à Châtelaillon (Charente-Maritime), est rattachée à la colonie parisienne. Les camarades peuvent s'y reposer en anarchistes et profiter de la « plage libertaire ». Des brouilles mettent un terme à l'expérience provinciale en 1908. En juillet 1910, André Lorulot transfère le siège du journal à Romainville, dans un grand pavillon entouré de jardins où la petite communauté des rédacteurs et imprimeurs peut se réinstaller. Des chambres à coucher sont aménagées pour les camarades de passage. À partir de juillet 1911, L'Anarchie est dirigée par Rirette Maîtrejean. Les membres de la bande à Bonnot s'y retrouvent alors. Octave Garnier, libertaire végétarien et complice de Jules Bonnot, y jardine. L'arrestation en 1912 et le procès des « bandits tragiques » survivants soulignent les liens existants entre les anarchistes individualistes des milieux libres et les illégalistes de la « propagande par le fait ».

Témoignages

Sources et références

Beaudet (Céline), Les Milieux libres : vivre en anarchiste à la Belle époque en France, 2006, p. 55-62.



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