Hongrie, 1871 – San Francisco, 1947
Né en Hongrie en 1871, élevé dans un milieu juif orthodoxe, Alexander Horr émigre aux États-Unis dans les années 1880. Il est un admirateur de Karl Marx, et un ami de l’anarchiste russe Emma Goldman. Dans les années 1890, il rejoint la Freeland Central Association, un groupe mis en place pour promouvoir les idées de Theodor Hertzka, un économiste australien. Hertzka a publié un roman utopique, Freeland, en 1891, dont le retentissement en Europe est similaire à celui de Looking Backward d’Edward Bellamy aux États-Unis. Des sociétés « Freeland » sont créées pour promouvoir ses idées, et plusieurs autres sont projetées. À la fin des années 1890, le mouvement s’étend aux États-Unis et Horr devient son principal promoteur.
Il préface l’édition américaine de Freeland (1904), et dirige alors un groupe d’anarchistes qui ambitionne de redynamiser Equality Colony, en train de s’affaiblir. Peu après leur arrivée, ils rebaptisent la colonie Freeland, Horr en devient le secrétaire et le principal organisateur. Cependant, leur arrivée divise le groupe. Alors que l’idéal d’Equality était la coopération, celui de Freeland est la compétition entre petits groupes d’individus pour atteindre une unité et une solidarité plus grandes. Les socialistes et les anarchistes s’affrontent au sens propre du terme : en 1905, Horr est lui-même agressé physiquement.
En 1906-1907, le destin de la colonie est dans les mains des tribunaux locaux. On recourt à l’arbitrage du Cooperative Brotherhood à Burley, mais les factions ne peuvent aboutir qu’à un seul accord, la dissolution, effective en février 1907. Horr s’installe alors à San Francisco, où il continue à diffuser les principes de Freeland. En 1922, il a abandonné ses convictions anarchistes, au point de se présenter au poste de gouverneur sous l’étiquette du Socialist Party. Il meurt dans la pauvreté en 1947.
(Source : Fogarty (Robert S.), Dictionnary of American Communal and Utopian History, 1980, p. 53-54.)