Alphadelphia Phalanx

Alphadelphia : un candidat à l'hectare.
L’annonce de la fondation d’un phalanstère de 1 100 hectares a soulevé un enthousiasme débordant : 1 300 postulants à l’agriculture attrayante participent à l’assemblée inaugurale de 1844.

Le site d'Alphadelphia Phalanx, Michigan · photographie Donald E. Janzen, 1979 · Donald Janzen Collection, David L. Rice Library · © University of Southern Indiana

En décembre 1843, une convention fouriériste du Michigan se réunit à l'initiative du docteur H. R. Schetterly, un militant fouriériste d'Ann Arbor : « Véritablement, écrit-il dans le prospectus d'annonce, la transformation sociale, de l'état d'isolation avec sa pauvreté et ses misères à l'état d'association avec ses avantages immenses et sa prospérité, pourrait être plus proche et plus rapide que ce qu'on imagine actuellement » (Noyes 1870, p. 389). Dans l'école de Clark's Lake, 56 hommes passent trois jours entiers, « du matin à minuit » (Noyes 1870, p. 389) à discuter et rédiger la constitution d'une association baptisée Alphadelphia Phalanx. Un comité est chargé de finaliser la convention et de sélectionner le territoire de la colonie. En janvier 1844, le rapport du comité est favorable au choix d'un domaine dans le village de Comstosck sur la rivière Kalamazoo. L'association obtient les actes de propriété de 1 139 hectares, dont 375 hectares de terres cultivées, au prix de 32 000 $. La dette d'acquisition se limite à 2 814 $, car les propriétaires ont intégré l'association en faisant apport de leurs terres au capital de l'association.

L'annonce de l'expérimentation recueille une audience considérable. Au printemps 1844, l'assemblée des membres d'Alphadelphia Phalanx ne réunit pas moins de 1 300 personnes. Débordés par le nombre de postulants, les administrateurs rejettent une centaine de candidats. Pour préparer le domaine et commencer les opérations de culture, 71 hommes et une trentaine de femmes forment le premier essaim de pionniers à Comstock en avril 1844. Parmi eux se trouvent des fermiers mais aussi des constructeurs, des cordonniers, des tailleurs, des forgerons, des imprimeurs et un éditeur. Les débuts d'Alphadelphia Phalanx sont bien entendu prometteurs d'une réussite incomparable dans la région : « Notre domaine présente des avantages sans équivalents dans le Michigan ; il contient toutes les natures de sols qu'on peut trouver dans l'État. Nos gens sont moraux, religieux et industrieux. À quelques exceptions près, ils consacrent tout leur temps aux travaux manuels » (Noyes 1870, p. 393). Le terrain à bâtir est hors d'eau, la rivière Kalamazoo permet de faire tourner 50 paires de meules de moulin, le chemin de fer traverse le domaine et le bois de charpente de première classe est abondant. Le docteur Schetterly souligne que les colons célèbrent un office religieux deux fois par semaine, ce qui représente vraisemblablement un gage d'unité à ses yeux.

Les pionniers construisent un bâtiment d'habitation provisoire en bois d'une longueur de 20 mètres, un « phalanstère », pour permettre aux familles de passer le premier hiver. Les chambres du « Tabernacle », surnom de la maison collective, étaient « confortables mais petites ». À la saison chaude, une partie des résidents vivaient dans un grand baraquement. La colonie édite un journal, l'Alphadelphia Tocsin et parvient à mettre sur pied une école. Elle imprime aussi The Primitive Expounder, journal de l'Église universaliste à laquelle appartiennent de nombreux membres de la colonie.

En mars 1845, la population comprend 225 personnes : 78 hommes, 47 femmes et 100 enfants de moins de 15 ans. La moitié des travailleurs sont des artisans et le manque de main-d'œuvre agricole limite les cultures. Une fois les réserves consommées, les privations et le manque d'argent éprouvent les membres de la phalange. Son administration manque d'expérience pour redresser la situation. Alphadelphia Phalanx subsiste cependant jusque 1848.

Témoignages

Sources et références

Noyes (John Humphrey), History of American Socialisms, 1870, p. 388-396.

Livingston (Catherine), Alphadelphia Association, 1958.

Guarneri (Carl J.), The Utopian Alternative. Fourierism in Nineteenth-Century America, 1991.

Guarneri (Carl J.), « L'utopie et la "deuxième révolution américaine". Le mouvement fouriériste aux États-Unis, 1840 - 1860 », Cahiers Charles Fourier, n° 3, décembre 1992, p. 36-54.

Wright (Grace), Alphadelphia Association: an Exercise in Social Reform, 2005.



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