Sylvania Association

1843 : premier essai sociétaire made in U.S.A.
Sylvania est la première tentative américaine de fouriérisme pratique. L’association agricole est formée d’ouvriers citadins. Elle est soutenue par l’éditeur du journal réformateur The New York Tribune, Horace Greeley.

Le domaine de Sylvania Association · photographie Donald. E. Janzen, 1994 · Donald Janzen Collection, David L. Rice Library · © University of Southern Indiana

La Sylvania Association est le premier essai de phalanstère aux États-Unis. Horace Greeley, l'éditeur de l'influent journal réformateur The New York Tribune, lui accorde sa protection. Au cours de l'hiver 1842 - 1842, un groupe d'ouvriers et d'artisans d'Albany se forme pour étudier la doctrine de Charles Fourier et en faire la propagande. Ils entrent en relation avec des travailleurs fouriéristes de New York qui veulent engager l'expérimentation de la doctrine. Au début de 1843, ils fondent ensemble la Sylvana Association avec le soutien financier de Greeley et de Charles Hempel. Elle doit être la première étape de transformation d'un système social dépravé, miné par la libre-concurrence et abandonnant les enfants à l'ignorance et au vice. Pour Greeley, le but est « l'émancipation de la masse, des millions de gens écrasés par le labeur, des esclaves de la nécessité et de la misère, de la faim et de l'oisiveté obligée, de l'alcoolisme et du vice, et leur élévation à l'indépendance, au développement moral et intellectuel, en un mot à une humanité véritable et pleine d'espoir » (Noyes 1870, p. 237).

La Sylvania Association est une société par actions dont le siège est à New York. Horace Greeley en est le trésorier élu. Les membres doivent détenir au moins une action dont la valeur est fixée à 25 $, payable en monnaie ou en biens. Les fouriéristes d'Albany réunissent 4 500 $ et ceux de New York 6 000 $. Faible capital.

Trois émissaires sont choisis pour prospecter un site pour édifier le phalanstère : un homéopathe, un paysagiste et un métallurgiste et pas un fermier, note un membre de l'association. Ils arrêtent leur choix sur un vaste terrain de Pennsylvanie, difficile d’accès et alors enneigé, situé au confluent des rivières Delaware et Lackawaxen, à peu près à égale distance de New York et d'Albany. Le domaine comprend 930 hectares en partie boisés, trois vieilles maisons, une grange et une étable, un moulin à grain et une scierie, quelques vieux chevaux. L'association en fait l'acquisition pour 9 000 $, dont 1 000 $ payés comptant. Une quarantaine de pionniers arrivent sur le site en mai 1843. Au mois d'août suivant, la colonie compte 136 personnes : 52 hommes dont 24 célibataires, 27 femmes mariées et 51 enfants. Les admissions des actionnaires au sein de la communauté sont soumises au bureau de New York qui juge de leur utilité et de leur moralité. Ceux dont le métier ou le comportement sont jugés inadaptés peuvent être actionnaires et percevoir les dividendes escomptés sans participer à l'essai pratique. Les colons s'entassent dans les deux vieilles maisons et à l'étage du moulin à grain. Ils commencent à défricher les terres et entreprennent plusieurs opérations industrielles, notamment la fabrication de chaussures. Ils édifient une grande maison à deux étages, un atelier de menuiserie.

L’expérimentation s’avère bientôt désastreuse. Les terres peu fertiles exploitées par des hommes inexpérimentés ne produisent pas assez pour nourrir les colons qui souffrent bientôt de la faim. La communauté est aussi victime de la promiscuité dans les étroites et inconfortables habitations. Les enfants et les colons oisifs sont trop nombreux pour une expérience à ses débuts. Les ouvriers citadins de Sylvania Phalanx ne parviennent pas à s'adapter à leur nouvelle condition. Ils manquent aussi probablement d'un leader. À la fin de 1844, la communauté se dissout sans avoir rien pu tenter en matière d'organisation phalanstérienne. Le domaine est rétrocédé au propriétaire d'origine. 14 000 $ sont perdus dans l'aventure. Certains membres de la Sylvania Association rejoignent d’autres colonies d'essai, au premier rang desquels Brook Farm.

Témoignages

Sources et références

Noyes (John Humphrey), History of American Socialisms, 1870, p. 233-250.

Guarneri (Carl J.), The Utopian Alternative. Fourierism in Nineteenth-Century America, 1991.

Sutton (Robert P.), Communal Utopias and the American Experience: Secular Communities, 1824 - 2000, 2004, p. 27.



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