Colony Maxwell

Des Écossais chez les Hurons.
Robert Owen est persuasif : le projet de communautés de travailleurs attire en 1827 une poignée de ses compatriotes sur les rives sauvages du lac Huron, à l’origine de l’agglomération de Sarnia.

Vue de Port Huron et Sarnia · lithographie, 1867 · Library of Congress, Washington D.C.

Henry Jones est un officier de la marine britannique à la retraite. Il a eu l'occasion d'écouter Robert Owen prêcher en Angleterre sa « nouvelle vision de la société » pour les classes sociales démunies. Jones est converti par son plan de création de villages communautaires de travailleurs. Il se rend en 1825 à New Lanark pour étudier l'owénisme pratique auprès de l'industriel réformateur, apporte son soutien à la communauté owéniste d'Orbiston en Écosse avant de se lancer dans l'établissement au Canada d'une « colonie ou communauté Owen » (Morrisson 1914, p. 8).

Jones part en voyage de reconnaissance dans la région des grands lacs nord-américains. La rive sud du lac Huron, à l'est de la rivière Saint Clair, lui apparaît comme le site le plus propice à une installation. De retour en Europe, il obtient de la Couronne britannique la concession de 4 000 hectares de terres sauvages. En Écosse, il procède au recrutement de familles prêtes à participer à l'aventure pour améliorer leur condition. Une cinquantaine de volontaires embarquent en 1827 pour le Nouveau Monde.

Jones baptise la colonie « Maxwell ». Les Écossais édifient au bord du lac des constructions à un étage en rondins de bois : une maison communautaire contenant la cuisine et la salle à manger, des maisons individuelles pour les familles, un magasin et une école. Le travail s'accomplit en commun, la cuisine comme le défrichage et la mise en culture des terres. Des magasins de subsistance militaires sont installés par le gouvernement provincial pour aider la colonie à survivre. Les poneys indiens sont utilisés comme chevaux de trait. Les pionniers parviennent à mettre en culture une vingtaine d'hectares qu'ils clôturent avec peine.

En 1829, une mission chrétienne auprès des Indiens constate que les colons abandonnent les uns après les autres la vie communautaire. Beaucoup ont semble-t-il délaissé le système communiste en apprenant qu'ils pouvaient obtenir contre une faible somme la propriété individuelle d'une cinquantaine d'hectares. Quelques colons continuent tout de même à vivre en communauté. Après l'incendie de la maison communautaire, deux nouvelles maisons, plus petites sont construites par la colonie. Rapidement cependant, Henry Jones et sa famille se retrouvent seuls à Maxwell.

L'essai owénien aura coûté 10 000 livres sterling à son fondateur. Par la suite, Henry Jones conserve la propriété de deux lots dans le Sarnia Township. En 1880, beaucoup d'Écossais y sont établis.

Témoignages

Sources et références

Jones (Peter), Life and journals of Kah-Ke-Wa-Quo-N?-By: (Rev. Peter Jones,) Wesleyan Missionary, 1860, p. 244.

Morrison (John), « The Toon o' Maxwell. An Owen Settlement in Lambton County », Ontario Historical Society, Papers and Records, XII, 1914, p. 1-12.

Bestor (Arthur), Backwoods Utopias. The Sectarian Origins and the Owenite Phase in Communitarian Socialism in America: 1663 - 1829, 1970, p. 217.

Harrison (John Fletcher Clews), Robert Owen and the Owenites in Britain and America: The Quest for the New Moral World, 1969, p. 31.

« Lambton County, Sarnia Township », The Canadian County Atlas Digital Project, [En ligne], URL : http://digital.library.mcgill.ca/countyatlas/SearchMapframes.php, consulté en août 2011.



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