La Grange Phalanx

Répartir quelles richesses ?
Pour accomplir la réforme fouriériste, il faut associer le capital et le travail et répartir équitablement les bénéfices. Encore faut-il produire des richesses.

Propriété de La Grange Phalanx · photographie Donald E. Janzen, 1979 · Donald Janzen Collection, David L. Rice Library · © University of Southern Indiana

L'annonce d'un essai phalanstérien dans le comté de La Grange (Indiana) paraît le 5 octobre 1843 dans le journal fouriériste new-yorkais The Phalanx. Le 5 février 1844, 30 familles sont installées à Springfield. La priorité est donnée au logement. L'extension en briques d'une maison du domaine offre sur deux niveaux des petits appartements de deux ou trois pièces. La population se compose de 150 personnes, dont la moitié d'enfants, pour la plupart des agriculteurs auxquels se sont joints des artisans, des enseignants, deux médecins.

Deux ans plus tard, les effectifs de la colonie ont fondu : 10 familles seulement sont occupées à l'agriculture. Le domaine est formé à l’origine de 245 hectares de terres cultivées et de prairies traversées par une rivière avec une chute d'eau. Il comprend une scierie et trois vastes granges. La colonie possède 100 têtes de bovins, 200 moutons, des chevaux et des bœufs et un bon équipement agricole. De nouvelles acquisitions de terres portent la superficie du domaine à plus de 400 hectares en 1846. Faute d’énergie hydraulique suffisante pour l’industrie et l’artisanat, son bilan est essentiellement agricole : élevage et culture de céréales, de fruits et de légumes. Le capital de La Grange Phalanx s'élève à 14 668 $ au 1er avril 1846. La colonie donne une application au principe fouriériste du partage des richesses entre le capital et le travail. La règle de répartition des dividendes est la suivante : un jour de travail agricole de 10 heures génère un dividende de 75 cents, tandis que le capital perçoit 6 %. Celui qui a investi 100 $ perçoit ainsi un dividende équivalent à 8 journées de travail. Des services collectifs sont mentionnés en plus du bâtiment d’habitation : une salle d’école et une salle commune de repas.

La colonie reçoit en juin 1846 des renforts d'Alphadelphia Phalanx (fondée dans le Michigan voisin). La Grange Phalanx est pourtant dissoute quelques mois plus tard. La raison principale de sa disparition résiderait dans l'absence d'esprit d'association : la moitié du capital est détenue par un nommé Jones qui s'est attribué la responsabilité de la marche économique de la colonie. Le génie de l'entreprise a aussi fait défaut à la communauté pourtant constituée de travailleurs endurants.

Témoignages

Sources et références

Noyes (John Humphrey), History of American Socialisms, 1870, p. 397-403.

Guarneri (Carl J.), The Utopian Alternative. Fourierism in Nineteenth-Century America, 1991.

Guarneri (Carl J.), « L'utopie et la "deuxième révolution américaine". Le mouvement fouriériste aux États-Unis, 1840 - 1860 », Cahiers Charles Fourier, n° 3, décembre 1992, p. 36-54.



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