Kendal Community

Association fraternelle d'intérêts mutuels.
Touchées par une mission owéniste, 29 familles de Kendal en Ohio s’unissent pour faire l’essai d’une vie commune industrieuse et égalitaire sur le domaine de Spring Hill, visité par Robert Owen en 1828.

Maison de Thomas et Charity Rotch sur la propriété de Spring Hill à Kendal (Massillon, Ohio) · photographie anonyme, vers 1974 · © Ohio Historical Society

Après le discours de Robert Owen au Capitole à Washington en 1825, deux de ses disciples, Paul Brown et Josiah Warren, parcourent le nord de l’Ohio pour susciter la fondation de communautés owénistes. Leur prosélytisme porte ses fruits puisque des agriculteurs et des ouvriers des environs de Massillon décident de constituer une association. En mars 1826, ils fondent la Friendly Association for Mutual Interests at Kendal parce qu'il « est impossible dans le monde actuel d'établir l'amour et la bonne volonté qui sont nécessaires au bien-être et au bonheur de la race humaine » (Fox 1911, p. 178). Sa constitution affirme la volonté de réformer la société et de propager les idées de Robert Owen : ce doit être une communauté morale, sobre et industrieuse, gérée par un comité élu dans laquelle l'éducation occupe une place importante. La constitution diffère cependant du modèle owénien par ses références à un Dieu et aux Évangiles.

Le 16 mai 1825, 29 chefs de familles signent un contrat social par lequel ils s'engagent solidairement à acquérir pour le prix de 20 000 $ un vaste domaine de 800 hectares aux héritiers de Thomas et Charity Rotch, des quakers anti-esclavagistes. Thomas Rotch a fondé en 1811 le village de Kendal et introduit sur sa ferme de Spring Hill l'élevage de moutons mérinos. À la différence des autres communautés owénistes, les gens de la Friendly Association viennent des environs et beaucoup se connaissent. Certains sont même des pionniers du village : Jehiel Fox, par exemple, a dessiné les plans de la maison où les Rotch cachaient des esclaves en fuite. L'unité est facilitée par la proximité des membres. Elle n'est pas affectée par l'arrivée à la fin de 1827 d'une trentaine d'owénistes new-yorkais de la défunte communauté de Coxsackie conduits par le docteur Samuel Underhill. Et ce malgré le rationalisme excessif de Underhill qui froisse les voisins de la colonie. Les membres construisent un bâtiment communautaire, mettent en culture leur propriété, ouvrent une forge, fabriquent des chariots et travaillent la laine. Les hommes travaillent 10 heures par jour. Ils reçoivent une compensation évaluée à 10 $ par mois pour les chefs de famille et 8 $ pour les célibataires, payables en actions de la société, déduction faite des frais domestiques communautaires. Les enfants de 8 à 18 ans travaillent et reçoivent aussi une compensation. Le travail des femmes est évalué à l'heure ou à la pièce pour les travaux de l'atelier de confection en laine. Les sommes sont portées au crédit des membres sur le livre de la communauté et leur sont remboursées à leur départ. La communauté fournit aux familles une maison et du bois de chauffage, ainsi qu'un demi-hectare de terre qu'elles peuvent cultiver à leurs dépens et à leur profit.

Kendal survit à New Harmony et à ses satellites. En juillet 1828, à l'invitation de Samuel Underhill, Robert Owen visite la dernière communauté owéniste en activité ; il constate leur relative réussite matérielle mais ne peut s'empêcher de regretter que les principes communistes ne soient pas appliqués dans toute leur étendue. Les pragmatiques colons de la Friendly Association vont cependant mettre bientôt un terme à l'expérience. Déjà en janvier 1828, ils ont renoncé collectivement aux intérêts dus sur les actions. Conscients que la « nouvelle société du nouveau millénaire » promise par Owen n'adviendra pas à Kendal, les leaders se retirent peu à peu de la communauté. D'un commun accord, les derniers membres décident en janvier 1829 de dissoudre l'association. Leurs pertes sont modestes.



Témoignages

Sources et références

Noyes (John Humphrey), History of American Socialisms, 1870, p. 78-80.

Fox (Wendal P.), "The Kendal Community", Ohio Archeological and Historical Quatterly, XX, 1911, p. 176-219, [En ligne], URL : http://www.archive.org/stream/ohioarchaeologi06socigoog#page/n198/mode/2up, consulté en août 2011.

Bestor (Arthur), Backwoods Utopias. The Sectarian Origins and the Owenite Phase in Communitarian Socialism in America: 1663 - 1829, 1970, p. 204-206.

Cherok (Richard J.), « No Harmony in Kendal », Ohio History, vol. 108, 1999, p. 26-38, [En ligne], URL : http://publications.ohiohistory.org/ohstemplate.cfm?action=detail&Page=010826.html&StartPage=26&EndPage=38&volume=108¬es=&newtitle=Volume%20108%20Page%2026, consulté en août 2011.



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