Karl König, un médecin autrichien qui avait fui son pays après l’invasion nazie, créa la première communauté Camphill en Écosse en 1940 à Camphill House, tout près d’Aberdeen. Avant de partir en Écosse, il avait travaillé comme médecin pour un institut thérapeutique en Suisse où il cofonda une école pour personnes handicapées. En Écosse, il se lia à des gens qui cherchaient à établir une communauté spirituelle inspirée par des idéaux de liberté et d’égalité et qui finalement décidèrent de consacrer leur temps et leur énergie à s’occuper d’enfants présentant des troubles de l’intelligence. Comme les enfants grandirent, les communautés accueillirent aussi des adultes atteints de handicaps mentaux.
Les principes qui sous-tendent les communautés Camphill – tout être humain a une personnalité intérieure saine qu’il est possible de développer – dérivaient des concepts d’éducation et de vie sociale énoncés plusieurs décennies auparavant par l’anthroposophe Rudolph Steiner. L’anthroposophie propose une compréhension spirituelle de l’être humain fondée sur la connaissance plutôt que sur la foi. Elle est à la source de la pédagogie Waldorf, de l’agriculture biodynamique et de la thérapie par le travail.
Il existe près de 100 communautés Camphill aujourd’hui dans le monde. La première communauté Camphill aux États-Unis a débuté en 1961 sur un domaine de 250 hectares situé dans le comté de Columbia dans l’État de New York. Camphille Village à Kimberton Hills a été fondé en 1972.
Francis Cape en 2011 ? Mon frère a été berger quelques années dans un village Camphill en Écosse, et son ancienne petite amie vit toujours, pour autant que je sache, dans l’un d’eux. Aussi, c’est avec une certaine impatience que je remontais la longue route qui serpentait dans un paysage de douces collines à travers les prés bordés de grands bois. Au bout d’un champ, je vis un support de ruches sous de longues branches d’arbres. Au sommet de la colline s’élevait la plus ancienne maison en pierre. L’implantation de chaque maison, bâtiment communautaire ou atelier est méticuleusement choisie suivant des principes anthroposophiques particuliers. Les intérieurs sont soignés et ordonnés. Je suis entré dans la maison en pierre par la mauvaise porte. Une villageoise a laissé son métier à tisser pour me conduire aux bureaux.
Les villageois, ceux dont les besoins sont spécifiques, et les coopérateurs, ceux sont les besoins sont « ordinaires », vivent ensemble dans des résidences. Certains coopérateurs sont des habitants de longue date, d’autres sont des bénévoles qui séjournent une année. Les coopérateurs ne sont pas rémunérés mais jouissent d’une chambre, d’une assurance santé et d’une modeste allocation en échange des services qu’ils rendent parce qu’ils sont considérés comme des membres de la communauté.
Le site internet de la communauté indique que « les membres de la communauté, avec et sans handicap, vivent et travaillent ensemble comme des familles élargies dans des maisons confortables partout dans le village ; ils forment une communauté solidaire fondée sur le partage des responsabilités et la réciprocité. Ce mode de vie favorise l’aide et la compréhension mutuelles car les gens vivent et travaillent les uns aux côtés des autres, jour après jour, chacun apprenant de l’autre. » Chaque maison a une « mère de maison » et un « père de maison » et possède sa cuisine, sa salle à manger et son salon. Tous travaillent ensemble dans l’un des ateliers d’artisanat, dans les jardins ou sur la ferme. La communauté de Kimberton Hills comptait une centaine de résidents en 2015. Les ressources de la communauté proviennent des contributions des familles des villageois, des dons, des ventes de la production ou de revenus locatifs, et des aides que les villageois perçoivent de la sécurité sociale.