South Union

 BANCS D'UTOPIE / WE SIT TOGETHER / FRANCIS CAPE 

South Union est la plus résistante des communautés shaker à l’ouest de la Nouvelle Angleterre. Elle est active pendant 115 ans, de 1807 à 1922.

Maison de la famille du Centre à South Union · photographie E. R. Person, 1972 · Historical American Buildings Survey · Library of Congress, Washington D.C.

Parmi les sept communautés shakers de l'ouest (Ohio, Kentucky, Géorgie, Floride), South Union eut l'existence la plus longue. Elle fut active de 1807 à 1922. Sa population s'éleva à 347 personnes en 1827. Elle exploitait un domaine de 2 500 hectares sur lequel elle fit prospérer agriculture et élevage. La communauté développa avec succès l'emballage de semences destinées à la vente. Le village comprenait 255 édifices. La Maison du centre, habitation de la famille de l'Église dotée de 40 pièces édifiée en 1824, est l'un des plus remarquables constructions élevées par les shakers. South Union est aujourd'hui doté d'un musée abritant une importante collection de mobilier shaker.
La communauté de la « Société unie des croyants en la seconde apparition du Christ » (United Society of Believers in Christ’s Second Appearing), comme s’appellent eux-mêmes les shakers, est née en 1747 de la dissidence d’un groupe de quakers. Ses membres considéraient les femmes comme leurs guides. Ann Lee s’imposa rapidement à la tête de la communauté et commença à prêcher que le mariage et les relations sexuelles étaient condamnables ; elle demanda à ses disciples de confesser leurs fautes, de renoncer à tous leurs biens matériels et d’adopter le célibat. Les shakers étaient rejetés en Angleterre parce que leurs cérémonies étaient très bruyantes et que leurs croyances paraissaient étranges. Ann Lee fut emprisonnée à plusieurs reprises. Beaucoup de shakers crurent, lorsqu’elle sortit de prison en 1770, que le Christ s’était réincarné sous ses traits. En 1774, Ann Lee et huit fidèles émigrèrent à New York pour finalement s’installer sur la propriété de l’un des shakers. Au cours du siècle suivant, ils édifièrent une vingtaine de colonies qui attirèrent plus de 20 000 convertis.
La réputation des shakers tient à la simplicité de leur vie et de leurs productions, au célibat et au fait qu’ils ont mis en pratique l’égalité des sexes avec précocité. Mère Ann Lee enseignait : « Mettez vos mains au travail et vos cœurs en Dieu ».
Un village shaker était divisé en groupes ou « familles », chacune d’elles occupant une grande maison. Chaque famille était conçue pour être autonome, avec sa propre ferme et ses entreprises. Le groupe dominant dans chaque village était la famille de l’Église (Church Family). Chaque village était administré par une équipe de deux hommes et deux femmes, les anciens et les anciennes. Hommes et femmes vivaient ensemble en frères et sœurs. Les maisons étaient disposées pour respecter la division des sexes ; hommes et femmes empruntaient des escaliers et des portes séparés. Les frères et les sœurs s’asseyaient sur des côtés opposés de la salle pour célébrer le culte, prendre leurs repas et tenir leurs « assemblées d’union » (union meetings). La même séparation existait dans les lieux de travail.
Les shakers vivaient selon une forme de communisme religieux. Des engagements écrits furent rédigés en 1790 : ceux qui les signaient devaient confesser leurs péchés, consacrer leurs biens et leur travail à la société, et conserver le célibat. S’ils étaient mariés avant de venir, le mariage prenait fin à leur arrivée. Les shakers ne procréaient pas, mais des enfants se joignirent à eux par contrat mutuel, adoption ou conversion. À l’âge de 21 ans, ils étaient libres de quitter la communauté ou d’y rester. Beaucoup partirent parce qu’ils ne voulaient pas rester célibataires.
La religion des shakers accordait une importance égale aux hommes et aux femmes. Leur Église était hiérarchisée et ils partageaient l’autorité à chaque niveau de responsabilité. Les shakers considéraient que Dieu était à la fois masculin et féminin. Leur culte se célébrait dans des temples blancs dépourvus d’ornement : ils marchaient, chantaient, dansaient, et parfois tournaient sur eux-mêmes, tressautaient, s’animaient de secousses ou criaient.
Les shakers se vouaient à un travail dur dans une quête de perfection et ils créèrent dans cet esprit un style unique d’architecture, de mobilier et d’artisanat. Ils croyaient que faire bien quelque chose était en soi un acte de prière. « Faites votre travail comme si vous deviez mourir demain, même si vous aviez mille ans à vivre. » Leur industrie et leur recherche d’efficacité a donné lieu à beaucoup d’inventions, parmi lesquelles la scie circulaire, si utile à ceux qui travaillent le bois. Ils ont aussi écrit de la musique pour les chants et les danses qu’ils exécutaient pendant les cérémonies du culte.
Vers 1925, la plupart des villages de shakers avaient cessé d’exister. Une des raisons du déclin était que les biens qu’ils fabriquaient à la main ne pouvaient pas rivaliser sur le plan économique avec une production de masse. Une autre raison était que les gens étaient attirés par la ville, loin des fermes et loin du célibat aussi. Certains sites des shakers sont aujourd’hui des musées. Il subsiste une seule communauté active à Sabbathday Lake dans le Maine, qui compte trois membres en 2016.

Témoignages

Sources et références

Cape (Francis), Bancs d'utopie. We sit together, Guise, Le Familistère de Guise, 2016.
Site internet de South Union, [En ligne :] http://www.southunionshakervillage.com/, consulté le 13 février 2016.



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