La Sibérie pour les socialistes.
L’essai de phalanstère des moujiks de Petrachevski est suivi en 1849 par la condamnation au bagne des intellectuels réformateurs de son cercle de Saint-Pétersbourg : le jeune Dostoïevski passe cinq ans dans la « maison des morts ».
Mikhaïl Petrachevski, interprète au ministère des Affaires étrangères de Russie, se constitue une bibliothèque d'ouvrages socialistes censurés. À partir de 1845, dans sa maison de la place Pokrovskya à Kolomna (place Turgeneva), à Saint-Pétersbourg, il organise des soirées durant lesquelles on discute de réforme politique et sociale, soirées auxquelles participent le philosophe Alexander Herzen, Tchernichevski ou Dostoïevski. Après avoir reçu un important héritage, il décide de mettre en œuvre les principes fouriéristes. Dans son hameau du district de Saint-Pétersbourg, il fait construire une maison commune pour une quarantaine de moujiks. Cette tentative échoue : les paysans mettent feu à la bâtisse à peine achevée.
En avril 1849, l’administration de Nicolas Ier fait arrêter et enfermer à la forteresse Saint-Pierre-et-Paul Petrachevski et soixante membres de son cercle. Durant le procès, Dostoïevski se défend en ces termes : « Le fouriérisme est un système pacifique, il séduit l'âme par sa finesse, il flatte le cœur par l'amour de l'humanité qui inspirait Fourier lorsqu'il élaborait son système et étonne l'esprit par son harmonie ». Vingt-trois personnes, condamnées à mort, subissent un simulacre d’exécution sur la place Semenovski et seront finalement déportés en Sibérie. Dostoïevski traduit son expérience du bagne dans les Souvenirs de la maison des morts, publiés en 1860.
Fedor Mikhaïlovitch Dostoïevski est arrêté par la police tsariste en 1849 à Saint-Pétersbourg parce qu'il fréquente le cercle réformateur de Petrachevski ; il dépose devant la commission d'enquête :
« Le fouriérisme est un système pacifique, il séduit l'âme par sa finesse, il flatte le coeur par l'amour de l'humanité qui inspirait Fourier lorsqu'il élaborait son système et étonne l'esprit par son harmonie. Il attire non pas par des attaques fielleuses, mais en inspirant l'amour de l'humanité. Il n'y a pas de haine dans ce système. Le fouriérisme ne préconise pas de réformes politiques ; sa réforme est écoonomique. Elle ne touche ni au gouvernement ni à la propriété [...] »
(Fedor Mikhaïlovitch Dostoïevski, cité dans Grossman (Leonid), Dostoïevski, 2003, p. 97.)
Grossman (Leonid), Dostoïevski, 2003.
Svalov (A. N.), « Petrashevsky M. V. (1821-1866), Revolutionary », Saint Petersburg Encyclopaedia, [En ligne], URL : http://www.encspb.ru/object/2804023405?lc=en, consulté en mai 2012.