Giovanni Rossi (1856 - 1943) est un vétérinaire issu de la bourgeoisie de Pise. Dès 1873, il adhère à l’Internationale, dont il créée une section à Montescudaio, le village dans lequel il travaille. À partir des années 1875, il affirme ses convictions anarchistes, et plus particulièrement son intérêt pour le collectivisme de Bakounine, dans différents ouvrages comme Un commune socialista (1875) ou Cosa vogliano i contadini (1883). À partir de 1885, il s’engage dans la réalisation d’une communauté collectiviste. Il lance le journal Lo Sperimentale dans lequel il publie des comptes rendus d’expérimentations passées ou en cours ainsi que des appels à souscription pour différents projets comme celui de La Favilla, près de Rome, qui ne verra pas le jour. Les derniers numéros de ce journal, publiés en 1887, accordent une large place à la coopérative irlandaise de Rahaline dont il s’inspire pour imaginer La Cittadella.

Ces appels portent leurs fruits lorsque Giuseppe Mori, propriétaire d’une grande ferme dans la province de Cremona, à Stagno Lombardo, se porte souscripteur et propose de louer ses terres pour accueillir une colonie coopérative. Trois autres personnalités apportent leur soutien financier au projet : Romeo Candelari, Leonida Bissolati et Filippo Turati. Le 11 novembre 1887, l’Associazione Agricola Cooperativa Cittadella est fondée. Elle doit permettre la gestion d’un site de 120 hectares de champs, d’une vingtaine de petites maisons et d’étables ainsi que d'une crèche. Les statuts de l’association stipulent que les décisions seront prises par l’assemblée générale des membres – hommes et femmes réunis – et que les rémunérations seront divisées par catégories, en fonction de la quantité de travail fournie et de la responsabilité de chacun.

La coopérative n'est pour Rossi qu'une première étape. Au printemps 1889, il organise avec une vingtaine de personnes une réelle communauté collectiviste dans la ferme de Stagno Lombardo. Ils vivent ensemble dans une maison entretenue par les femmes de la communauté dont les murs sont couverts de portraits de socialistes. Ils mettent en commun les biens produits par leur travail et prennent ensemble toutes les décisions concernant la communauté. Cependant, cette expérimentation suscite la méfiance des autres paysans de l’Associazione et en novembre 1890, l’aventure prend fin.

Durant cette période, Rossi a également fondé l’Unione Lavoratrice per la Colonizzazione Sociale in Italia, structure par laquelle il fait la promotion d’autres colonies expérimentales qu’il met en place à côté de Trévise (Bosco del Montello, 1887), de Parme (Torricella di Sissa, 1889) ou de Padoue (1889).