Ralahine

« Nouveau système » owénien contre la famine en Irlande.
Face à la misère et à la violence des paysans irlandais dépossédés, le propriétaire de Ralahine, séduit par les discours de Robert Owen, décide en 1831 d’organiser son domaine en commune coopérative.

Récolte de pommes de terre dans une ferme d’Aroostook County, Maine · photographie Jack Delano, 1940 · US Farm Security Administration / Office of War · Library of Congress, Washington D.C.

En 1832, Robert Owen se rend en Irlande et donne plusieurs conférences à Dublin. John Scott Vandeleur, est frappé par ces présentations. Il décide de faire appel à un coopérateur de Manchester, Edward Thomas Craig, alors éditeur du Lancaster and Yorkshire Cooperator, pour l’aider à établir une commune sur son domaine de Ralahine, à côté de Limerick. Son projet consiste bien sûr à améliorer les conditions de vie de ses paysans mais il vise également à éviter que ceux-ci ne rejoignent les « Ribbonmen », des associations secrètes et parfois violentes qui s’opposent alors à l’ordre établi.

The Ralahine Agricultural and Manufacturing Cooperative Association est fondée le 7 novembre 1831. Les objectifs affirmés sont les suivants : constituer un capital commun, fournir des assurances mutuelles contre la maladie, la vieillesse et l’infirmité, procurer de meilleures conditions de vie matérielle aux classes ouvrières, aider au progrès moral et intellectuel des adultes, éduquer les enfants. La communauté se dote de règles précises. Edward Thomas Craig est le directeur mais les décisions sont prises par un comité de neuf personnes élu deux fois par an par l’ensemble des adultes de la communauté. Ce comité arbitre les conflits entre les membres et organise le travail quotidien.

Les 53 membres de la colonie (22 hommes célibataires, 7 couples et leurs 5 enfants, 7 enfants orphelins) vivent dans des maisons individuelles et se réunissent à leur guise dans une salle communautaire. Les enfants fréquentent l’école, dirigée par l’épouse de Craig. Les jeunes de moins de 17 ans, filles et garçons confondus, se chargent à tour de rôle des travaux domestiques. Les adultes travaillent 12 heures par jour en été, de l’aurore au tomber du soleil en hiver, s’interrompant une heure pour le repas : les tâches sont fixées chaque matin par le comité. La consommation d’alcool, de tabac et de tabac à priser est interdite ainsi que les jeux d’argent.

Le travail n’est pas rémunéré en argent mais en « labour note », des billets correspondant à un certain temps de travail. Les membres peuvent les utiliser dans le magasin coopératif pour acheter les produits dont ils ont besoin, ou les échanger contre de la monnaie. Cependant, une partie des dépenses est prise en charge par la collectivité : l’éducation, la nourriture des enfants, l’habillement, les travaux d’entretien, le logement…

Dans un premier temps, la communauté prospère : 29 nouveaux membres la rejoignent et on acquiert du matériel agricole sophistiqué (la première faucheuse mécanique introduite en Irlande, par exemple). La propriété demeure toutefois entre les mains de Vandeleur qui reçoit l’équivalent de 900 £ en produits agricoles (blé, avoine, beurre, porc, bœuf…) jusqu’à ce que la commune puisse se porter acquéreur du terrain.

Après deux années, Vandeleur perd sa propriété sur une table de jeu et s’enfuit. La communauté doit être dissoute le 23 novembre 1833. Craig repart alors pour l’Angleterre où, dès 1834, il dirige l’Ealing Grove School, une école industrielle londonienne, et poursuit son activité de journaliste.

Témoignages

Sources et références

Connolly (James), Labour in Irish History, 1910.

Craig (Edward Thomas), An Irish Commune. The History of Ralahine, [vers 1920].



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