Terre Libérée

La cité végétalienne.
La dernière expérience du fécond anarchiste Louis Rimbault a lieu en 1924 près de Tours, sa ville natale : « Terre libérée » est le projet d’une école pratique de végétalisme.

La colonie de Terre libérée à Luynes en juillet 1925 · carte postale, vers 1925 · collection archives départementales d’Indre-et-Loire

Le bouillonnant ouvrier anarchiste Louis Rimbault, condamné en 1913 pour complicité avec la Bande à Bonnot, et son épouse Clémence ont participé à plusieurs expérimentations libertaires, notamment à Bascon, dans l'Aisne. Ils forment en 1923 le projet d'une Cité végétalienne. Le végétalien est en quelque sorte un ultra végétarien : son régime est réduit à l'eau, aux feuilles et aux salades, aux racines et aux tubercules, de préférence crus, et aux fruits. Pour Rimbault, le végétalisme ou naturarchisme est une insoumission à l'ordre social bourgeois, à son consumérisme, au salariat qui lui est attaché et à l'asservissement des individus qui en découle. La population de la Cité végétalienne projetée est limitée à 20 sociétaires adultes disposant d'habitations particulières avec jardin. On prévoit de construire aussi un dispensaire, une école, un pavillon pour les visiteurs et un autre pour les vieillards. Les membres consommant des produits animaux ou exploitant un autre homme sont exclus de droit. Un conseil des sociétaires se réunit une fois par semaine et désigne un administrateur hebdomadaire. En 1924, Rimbault et quelques coopérateurs acquièrent une ancienne ferme du village de Luynes au lieu-dit Le Pin, près de Tours, où est né Rimbault. Ils baptisent la colonie Terre libérée, « œuvre de régénération et de libération individuelle », et la désignent comme une école pratique de végétalisme. Deux photographies de Terre libérée en juillet 1925 montrent que la colonie est réduite à un petit groupe de 8 adultes et enfants vivant au milieu de bâtiments en partie ruinés. L'usage de machines et les matériaux neufs sont proscrits ; le milieu libre vit au grand air et pratique le nudisme. La colonie accueille chaque année quelques centaines de visiteurs pour des démonstrations de cuisine végétalienne et des conférences sur la santé. La pacifique Terre libérée est cependant agitée. Elle est l'objet de critiques d'anciens compagnons et subit l'hostilité du voisinage. En 1932, Rimbault se retrouve à peu près seul à Luynes : un accident le laisse invalide. Il vit à Terre Libérée jusqu'à sa mort en 1949.

Témoignages

Sources et références

Maitron, Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, CD-Rom, 1997, notice Rimbault (Louis).

Shalaaz, Milieux libres (1890 - 1914), 2005, [En ligne], URL : http://infokiosques.net/lire.php?id_article=299, consulté en décembre 2010.

Beaudet (Céline), Les Milieux libres : vivre en anarchiste à la Belle époque en France, 2006, p. 66.

Shalaaz, « Colonie anarchistes. Terre libérée, Luynes, 1923 - 1949 », [En ligne], URL : http://endehors.net/news/colonies-anarchistes-terre-liberee-luynes-1923-1949, consulté en juillet 2011.



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