Communisme réformiste et expérimental conçu à la suite de Robert Owen par le français Étienne Cabet (1788-1856) et mis en pratique par lui-même. « Allons en Icarie ! » : l’appel à réaliser l’association fraternelle égalitaire, communisme ou « vrai Christianisme » est lancé à Paris en 1847 par l'avocat dijonnais, auteur en 1840 d'un Voyage et Aventure de Lord Carisdall en Icarie. Les avant-gardes de colons émigrent de France en 1848 pour le Texas à partir du port du Havre. Les pionniers s’installent finalement en 1849 sur le Mississipi, à Nauvoo (Illinois), dans les ruines abandonnées par les Mormons réfugiés à Salt Lake. Icarie se dote d’une constitution démocratique. La colonie est organisée en une communauté de biens, de travail et de services. Le capital social de la société est formé des apports de ses membres ; la propriété privée et le salariat sont abolis. Par souci d’égalité, un trousseau communautaire est fourni aux arrivants. Les repas sont pris en commun dans la grande salle commune édifiée en 1850. Les logements sont par contre individuels. La cellule sociale icarienne reste la famille ; le mariage est une obligation et le divorce est autorisé. Femmes et hommes ont égalité de droits et de devoirs, le travail en particulier. La parenté communiste d’Icarie et de l’Utopie de Thomas More est revendiquée par Étienne Cabet : « [L’Utopie de Thomas More] est le premier ouvrage où l’on trouve la Communauté appliquée à une Nation tout entière et à une grande Nation ; c’est le plus grand pas fait par l’indépendance de la raison, par la morale, par la philosophie et par la politique ; et les principes fondamentaux de l’Utopie nous paraissent le progrès le plus avancé de l’intelligence humaine et la destinée future du Genre humain. » (Cabet, 1840, t. II, p. 394-395.)
(Source : Prudhommeaux (Jules), Icarie et son fondateur Etienne Cabet, 1907 ; Rude (Fernand) (édit.), Voyage en Icarie. Deux ouvriers viennois aux États-Unis en 1855, 1952)