Dans les années 1820-1830, au Royaume-Uni et en France, l'association – l'association ouvrière en particulier, interdite en France par la loi Le Chapelier de 1791 – apparaît à beaucoup de réformateurs et de travailleurs comme une forme privilégiée d'organisation du travail et d'organisation sociale, susceptible de contrebalancer les maux de l'individualisme et de la libre concurrence voire de se substituer à l'ordre capitaliste. Les partisans de l'association sont aussi divers que les communistes owéniens ou cabétiens, les saint-simoniens, les fouriéristes, les coopérateurs comme Philippe Buchez (1796-1865), les socialistes associationnistes comme Pierre Leroux ou Louis Blanc ou encore les chrétiens sociaux comme Frédéric Le Play (1806-1882). Pour un Pierre Leroux (1797-1871), l'association, entendue comme union volontaire d'individus libres et égaux reconnaissant leur interdépendance (leur fraternité ou leur solidarité dans la terminologie de Leroux), offre un modèle social et politique alternatif à la fois au libéralisme et au socialisme d'État. Les années 1840 jusque la révolution de 1848 constituent l'âge d'or des associations ouvrières qui se multiplient sous la forme de sociétés de secours mutuels ou de coopératives de consommation ou de production. L'idée d'économie sociale trouve son origine dans ces expériences d'associations ouvrières que contrôlera bientôt en France la législation du Second Empire (lois de 1852 et de 1867).
(Source : Viard (Pierre), « Pierre Leroux et le socialisme associatif de 1830 à 1848 », Revue du MAUSS, n° 16 (second semestre 2000), p. 265-276 ; Alet-Ringenbach (Claire) et Naïri Nahapétian (Naïri), Alternatives Économiques Poche n° 022 - janvier 2006, [En ligne], URL : http://www.alternatives-economiques.fr/associationnisme_fr_art_223_31116.html, consulté le 18 août 2013.)