Écosse, Aberdeen, 1810 - Royaume-Uni, 1897
Arthur Young naît à Aberdeen le 9 janvier 1810, second de 16 enfants, dans une famille de notables. Après la Révolution de 1789, la famille part à Rotterdam où son père poursuit une carrière de riche marchand. Mais Arthur est idéaliste et les frères Young sont tous acquis à la cause phalanstérienne. Il se lie très tôt au milieu progressiste de Londres, s’intéresse à Fourier et est en contact avec le journal La Phalange. Dès 1838, il est le principal financier de l’École sociétaire, et entretient une étroite relation avec Victor Considerant. Après avoir soutenu avec ses frères l’éphémère colonie modèle des fouriéristes londoniens en Australie, à Adélaïde, Young participe à la création de la colonie sociétaire de Condé-sur-Vesgre. Lorsqu’elle échoue, il place tous ses espoirs dans la colonie sociétaire de Cîteaux. Zoé Gatti de Gamond, fouriériste et ancienne saint-simonienne, le convainc d’acheter le domaine de l’ancienne abbaye de Cîteaux (Côte-d’Or) pour la somme colossale de 1 500 000 francs.
Young se détache de Considerant, très inquiet de cet énorme investissement, et que l'Écossais juge timoré, et se lance dans l’aventure.
Elle débute en 1841, regroupe une centaine de sociétaires et autant de salariés. Les frères d’Arthur, George et William, l’aident à gérer la colonie.
Ils expérimentent un certain nombre des principes sociétaires d’organisation productive et domestique. Mais il y a les querelles de personnes, l’hostilité des autorités et les problèmes financiers grandissants. Zoé Gatti de Gamond repart déjà en 1843. Young persiste mais renonce finalement vers 1846 : l’ancienne propriétaire de Cîteaux, qui ne perçoit plus ses échéances, demande la saisie et la vente aux enchères du domaine.
Young n’abandonne pas l’idéal communautaire : il sillonne le monde à la recherche d’une nouvelle colonie qui démontrerait le bien-fondé de la doctrine fouriériste. Malheureusement, il arrive trop tard aux Etats-Unis, sans assez de moyens pour soutenir efficacement les colonies de Réunion ou de North American Phalanx.
Young repense alors son engagement. Devenu anglais, habitant de Worthing, il devient écrivain. Ses expériences communautaires lui ont été utiles : Cîteaux n’est pour lui que le « genre d’échec ou de sacrifice auquel consent le gland en mourant pour produire le chêne. ». Il garde sa foi fouriériste jusqu’à sa mort en 1897.
(Sources : Baratay (Éric), Le père Joseph Rey serviteur de l’enfance défavorisée : une expérience d’insertion au XIXe siècle, 1996, p. 60 ; Fornasiero (Jean), « Le philosophe du phalanstère : retouches au portrait d’Arthur Young (1810-1897) », Cahiers Charles Fourier, n° 20, 2009, p. 25-40 ; Mercklé (Pierre), « 2.011, Les réalisations de l’Union harmonienne », Le socialisme, l’utopie ou la science ?, thèse de doctorat, Université Lumière Lyon 2, 2001, [En ligne], URL : http://theses.univ-lyon2.fr/documents/getpart.php?id=lyon2.2001.merckle_p&part=49104, consulté en avril 2014.)