Irlande, Cork, 1794 - Londres, 1855
Feargus O’Connor, né à Cork, fait ses études à Trinity College, à Dublin, et devient avocat. L’œuvre de sa vie est la tentative d’une réforme agraire en Grande Bretagne, visant la création d’une classe de propriétaires agricoles. De 1833 à 1835, représentant du comté de Cork au Parlement, il échoue à introduire cette réforme. Il crée, à Manchester, le journal radical Northern Star (1837). Secrétaire de la Great Northern Union of Working Men, il soutient les idées de Robert Owen. Il s’intéresse à la gestion des petites exploitations agricoles. En 1838, de nombreux mouvement radicaux forment la People’s Charter of the Working Men’s Association, dont les membres sont nommés Chartistes. Aux conventions de 1843 et 1844, il propose de reprendre les terres appartenant autrefois au peuple, et usurpées par les rois, les princes et les seigneurs. En 1845, à Bruxelles, ses idées reçoivent l’approbation de Marx et Engels. En mars 1846, il donne son nom à la première colonie chartiste, O’Connorville, près de Watford dans le Hertfordshire. Peu après, il achète un second domaine, Lowbands, et établit la Land and Labour Bank. En 1846, la Chartist Co-operative Land Company devient officiellement la National Land Company. O’Connor prône la coopération plutôt que le socialisme dans les relations de travail : cela l’oppose à certains leaders qui y voient une menace pour les principes chartistes de nationalisation des terres et de propriété.
O’Connor est élu député de Nottingham. Il contribue au grand rassemblement chartiste de Kennington Park à Londres, le 10 avril 1848. Le projet est si populaire que le gouvernement craint une vague de chartisme radical. Malgré le succès de nouvelles colonies établies par O’Connor : Charterville, Snigs End, Great Dodford, l’attribution des terres par tirage au sort ne paraît pas viable aux autorités, la Chartist land Company est déclarée illégale faute de pouvoir présenter la signature de ses milliers d’actionnaires. L’organisation fait faillite en 1851.
O’Connor ne se marie pas mais aurait eu une succession de maîtresses et de nombreux enfants illégitimes, dont Edward O’Connor, célèbre artiste de music hall.
En 1852, il s’en prend violemment à la Chambre des Communes au député conservateur Beckett Denison, et doit être emmené par le sergent d’armes. Considéré comme fou, il est interné à l’asile de Chiswick à Londres, où il meurt en 1855.
(Source : Trahair (Richard C. S.), Utopias and Utopians: An Historical Dictionary, 1999, p. 294.)