Limeil-Brévannes, Val-de-Marne, 1869 – France, ?
Fortuné Henry naît le 21 août 1869. Il est le fils aîné de Fortuné Henry, condamné à mort par contumace pour sa participation à la Commune, le frère d’Émile Henry, terroriste anarchiste auteur de l’attentat de la rue des Bons-Enfants à Paris en 1892, guillotiné en 1894. Il devient représentant en produits pharmaceutiques. Adhérent au Parti ouvrier en 1889, il s’en sépare très vite et, dès 1891, milite pour l’anarchisme, parcourant la France, multipliant les réunions au cours desquelles il se montre particulièrement violent : en février 1893, il est condamné, par la cour d’assises des Ardennes et par celles de l’Aisne et du Cher à des peines de prison. En 1895, marié avec Adrienne Tarby, il a une fille, Andrée.
Membre de la Ligue antimilitariste fondée en 1902 par Libertad entre autres, Henry est délégué des antimilitaristes français au congrès d’Amsterdam à l’issue duquel est créée l’Association Internationale Antimilitariste (AIA), dont la Ligue française devient une section.
En 1903, durant un voyage professionnel, Fortuné découvre un vallon solitaire de la forêt des Ardennes, près d’Aiglemont. L’idée lui vient d’y fonder une colonie anarchiste, L’Essai d’Aiglemont. Cette tentative dure de 1903 à 1909. Les journaux anarchistes en parlent, Le Libertaire mais également Le Temps du 11 juin 1905 qui dresse un portrait expressif de Fortuné Henry.
Après des succès relatifs viennent les problèmes financiers, difficiles à résoudre en dépit des souscriptions et des emprunts lancés en 1904 et 1906. Le heurt des caractères, l’ignorance des choses de la terre, l’insouciance aussi, rendent pénible la cohabitation de personnalités hétérogènes. Fortuné Henry, lui-même, n’est pas exempt de reproches : sa parole « claire et tranchante » dénote son caractère autoritaire et cela explique que les « éléments discordants » quittent la colonie à partir de 1905. Quand l’expérience prend fin, seuls Henry et sa compagne l’ont vécue de bout en bout.
En 1907, Fortuné Henry porte un jugement sévère sur ses compagnons, à qui il impute l’échec final. Quelques réalisations toutefois, en dehors des essais agricoles, sont à l’actif de l’expérience : une imprimerie qui publie une dizaine de brochures et deux journaux, Le Cubilot, entre 1906 et 1908, Le Communiste en janvier-février 1908.
(Source : Le Maitron. Dictionnaire biographique. Mouvement ouvrier, mouvement social, [En ligne], URL : http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article73788, consulté en mars 2014.)