Bruxelles, 1806 – Bruxelles, 1854
Zoé Charlotte de Gamond naît dans une famille bourgeoise de Bruxelles. Son père est avocat puis conseiller à la Cour d’Appel, professeur à l’Université Libre. Elle participe aux discussions philosophiques et politiques qui animent le salon de sa mère. Après la révolution de 1830, Zoé et sa sœur Élise tiennent salon et répandent la doctrine saint-simonienne. Leur élan ne dure pas : elles désapprouvent les théories d’émancipation sexuelle des saint-simoniens.
Dès 1832 Zoé expose ses théories sur la condition féminine dans la Revue encyclopédique. Passionnée de littérature italienne, elle publie des articles sur le poète Vittorio Alfieri. Elle participe au comité pour les réfugiés politiques italiens en Belgique. En février 1834, elle monte avec Zoé Parent et Eugénie Poulet, une « exposition d’objets d’art et ouvrages de dames au profit des réfugiés politiques ». Elle rencontre Jean-Baptiste Gatti (1800-1877), peintre italien qu’elle épouse en 1835. Il a fui l’Italie après avoir participé aux insurrections contre le gouvernement pontifical.
En 1835, Zoé fonde avec Eugénie Poulet une école pour les filles de la classe ouvrière et une école d’institutrices. Cette activité dure peu, le couple Gatti quitte la Belgique pour Paris. Entre temps, Zoé publie De la condition sociale des femmes au dix-neuvième siècle (Bruxelles, 1834) et Esquisses sur les femmes (Bruxelles, 1836). Elle trouve dans le fouriérisme « la solution du problème social ». Elle admire profondément Fourier, en devient une commentatrice reconnue, mais son adhésion est limitée : propriété et famille demeurent pour elle intouchables. À Paris, elle participe aux querelles d’écoles qui suivent la mort de Fourier. Avec le peintre réfugié polonais Jean Czynski, elle créé Le Nouveau Monde, organe des dissidents de l’Union harmonienne. Elle publie Fourier et son système (1838), réédité cinq fois, traduit en anglais en 1842. En 1840, elle se lance dans la création d’un phalanstère à l’abbaye de Cîteaux, soutenu financièrement par Arthur Young, mais qui tourne au désastre en 1846.
Complètement démunis, les Gatti regagnent la Belgique. Zoé devient inspectrice générale des écoles primaires de filles et des établissements de formation des institutrices. En 1848, elle publie L’Organisation du travail par l’Éducation Nationale. Elle espère « que la révolution française de 1848 soit l’ère de la réorganisation universelle des sociétés » et détaille minutieusement un modèle communautaire. De santé fragile, elle meurt à 48 ans, en 1854, laissant trois filles, dont Isabelle Gatti de Gamond, féministe célèbre.
(Sources : Le Maitron. Dictionnaire biographique. Mouvement ouvrier, mouvement social, [En ligne], URL : http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article31462, consulté en mai 2013.)