Alger, ? – Corse, ?
Contremaître sur les quais du port d’Alger, Marcel Ducher fait partie en 1906 de la colonie libertaire de Ciorfoli, établie à Cognocoli (Corse), qui compte six participants : Ducher, Isidore Escalaïs, sa femme Louise, et Rosette, leur fille, Borgiali et sa femme.
Dans une lettre datée du 15 mars 1906, Ducher écrivait : « Par l’exemple de notre vie, nous montrerons le chemin aux voyageurs égarés dans les ténèbres des préjugés, des lâchetés et de l’autorité ». C’est à son nom que sera signé le bail de 99 ans de la propriété de la colonie, comprenant des terres labourables, des châtaigneraies et du maquis. Après avoir préparé un projet très détaillé d’élevage, Ducher alla en août 1906 à Paris pour le soumettre à son parrain, à qui il ne précisa qu’il s’agissait d’une colonie anarchiste, et dont il obtint le financement d’un cheptel conséquent.
Le 12 novembre 1906, Ducher profitant de l’absence d’Isidore Escalaïs, part avec la femme et la fille de ce dernier se réfugier à Bastia. Il écrit alors à Louis Costa, le notaire socialiste qui avait permis l’installation de la colonie : « Fais partir Escalaïs en France et laisse nous revenir à Latina et bien fou qui pense que la colonie est morte, elle vit plus que jamais et vivra si tu le veux ». Puis Ducher, après que Louise Escalaïs et sa fille ait finalement rejoint leur mari et père à Marseille, regagnait le 19 novembre la colonie qu’avait abandonné le couple Borgiali, où il se retrouvait le seul colon. Début janvier 1907, il vend 8 de la trentaine de vaches, gagne Marseille et, avec Louise Escalaïs et sa fillette, embarque pour l’Amérique du sud. Atteint de fièvre typhoïde, il est débarqué à Dakar pour y être soigné, tandis que Louise Escalaïs et sa fille, le croyant perdu, regagnent Marseille pour tenter d’y reprendre une vie commune avec son mari qui refuse. Le notaire Louis Costa fait parvenir à Ducher quelque argent provenant de la vente des biens de la colonie afin de lui faciliter son retour à Cognocoli où il acheve sa convalescence.
En 1910, Ducher s’engage dans l’armée coloniale. Blessé et décoré pendant la guerre de 1914-1918, il serait toutefois resté antimilitariste.
(Source : Dictionnaire des militants anarchistes, [En ligne], URL : http://militants-anarchistes.info/spip.php?article1357, consulté en octobre 2013.)