Lyon, 1803 – Rio de Janeiro, 1850
Fils d'un négociant et fabricant de soie lyonnais de « mœurs libres », Michel Derrion participe très tôt à un groupe saint-simonien, avant de passer au fouriérisme vers 1834. Il collabore au journal fouriériste lyonnais L'Indicateur, dans lequel est annoncée en 1834 la publication de sa plaquette Constitution de l'industrie et organisation pacifique du commerce et du travail ou la tentative d'un fabricant de Lyon, pour terminer d'une manière définitive la tourmente sociale. Celle-ci est vendue 1 franc au profit du fonds social pour la création du « Commerce véridique et social », « où le producteur sera de droit associé et intéressé d'une manière de plus en plus équitable dans le bénéfice résultant de la vente des produits qu'il aura fabriqué ou cultivé » (L'Indicateur, 15 février 1835).
Le 8 février 1835, dans cette même revue, Michel Derrion lance une souscription pour la fondation d'une épicerie sociale devant inaugurer « la réforme commerciale ». Au mois de mai, alors qu’il n'a recueilli que 920 francs, Joseph Reynier, chef d'atelier, ancien mutualiste, avance 3 500 francs qui permettent le lancement de la « société Derrion et compagnie ». Le système élaboré par Derrion répartit les bénéfices en quatre parts égales entre les souscripteurs, les consommateurs, les salariés de la société, le fonds social. Ce dernier doit générer un fonds d’investissement pour permettre, à terme, la conquête de l’industrie. Le premier magasin est en activité en juillet 1835 et les débuts sont prometteurs : il y a sept magasins à la fin de l'année 1836. Prospère, l’affaire devient l’objet de calomnies. L'expérience dure trois ans avant que des tracasseries policières et la jalousie des commerçants lyonnais n’obligent Derrion, ruiné, à quitter la ville. Il se rend à Paris où il signe en 1840 un appel pour l'établissement d'un phalanstère, puis participe au lancement de l'Union industrielle qui aboutira sur la fondation du phalanstère du Saí, au Brésil. Parti réaliser ce projet, Derrion vit les dix dernières années de sa vie au Brésil. Malgré les disputes qui feront échouer l'entreprise, sa foi phalanstérienne ne l'abandonnera jamais : il continue de gérer les abonnements de la revue Démocratie pacifique et participe régulièrement à des causeries sur Fourier. Il meurt à Rio de Janeiro le 12 mars 1850.
(Source : Achat coopératif, [En ligne], URL : http://www.votrecoop.org/culture/Derrion.php, consulté en octobre 2013.)