Lyon, 1801 – ?, 1876
Eugène Dumortier, né à Lyon en 1801, est le quatrième enfant d’un fabricant de dorure. La famille possède une maison de campagne située à Saint-Cyr-au-Mont-D’or, où elle demeure en été, et c’est sans doute dans ce petit massif jurassique, que naît la passion du jeune Eugène pour les fossiles. Bien qu’attiré par des études de médecine, il doit perpétuer la tradition familiale et fabriquer des dorures. Associé à ses frères, il succède à son père et réussit d’ailleurs parfaitement dans ses affaires.
Dumortier se rapproche dans les années 1840 des fouriéristes lyonnais. Aux côtés notamment du docteur François Barrier, il est en 1846 l’un des membres fondateurs de la colonie de l’Union agricole d’Afrique au Sig, en Algérie, dont le siège se trouve à Lyon.
Mais ses activités commerciales et réformatrices ne l’empêchent pas de retourner à ses premières inclinations scientifiques. Il se constitue une honnête fortune et se tourne vers les sciences. Alors qu’il atteint la cinquantaine, il devient étudiant en géologie sous la direction de Jean-Baptiste Fournet, professeur en minéralogie et en géologie, apprend l’anglais et l’allemand. Entièrement pris par sa passion, il liquide définitivement ses affaires. Il se lie alors avec un autre géologue amateur, Victor Thiollière, qui suit un cheminement comparable.
Eugène Dumortier figurera avec Alcide d’Orbigny parmi les paléontologues français les plus connu du XIXe siècle, dans le domaine de la paléographie des invertébrés.
En 1853, Dumortier devient membre de la Société impériale d’Agriculture de Lyon, dont Jean-Baptiste Fournet est président. Il publie dans la revue de cette société de nombreuses notes sur les fossiles à partir de 1857. À la fin de sa vie, il travaille sur un ouvrage majeur, ses monumentales Études paléontologiques sur les dépôts jurassiques du Bassin du Rhône, parues en quatre volumes illustrés entre 1864 et 1874. L’œuvre demeure inachevée, en dépit du matériel considérable qu’il a accumulé. Elle mobilise les dernières années de sa vie. Il lègue par testament sa collection de quelque 50 000 fossiles au Museum de Lyon.
(Source : Berthet (Didier), Rulleau (Louis), « Collectionneurs et collections au XIXe siècle : Eugène Dumortier et Victor Thiollière », actes du colloque « Histoire des collections », Musée des Confluences, Lyon, avril 2007, p. 1-6.)