France, Treignac, Corrèze, 1867 – Grazimis, Gers, 1941
Né le 3 mai 1867 dans une modeste famille corrézienne, où son père est tailleur de soutanes, Victor Coissac devient instituteur, fait sa carrière à Tours. Avant la Première Guerre mondiale, il se mêle à la vie syndicale, adhère au Parti socialiste unifié, participe à des expériences de coopératives ouvrières et d’éducation populaire. Il correspond avec Jules Prudhommeaux, Paul Passy, E. Armand, Maurice Lansac, secrétaire de l’Union sociétaire (fouriériste). Pédagogue, il est l’auteur de plusieurs manuels d’apprentissage de l’orthographe. Attiré par la philosophie et le progrès scientifique, il écrit de nombreux ouvrages où il s’attache à démontrer la preuve de l’inexistence de Dieu. Très tôt indigné par l’injustice sociale, que les partis socialistes et les syndicats étaient, à ses yeux, incapables de supprimer, Victor Coissac s’oriente vers une forme de révolution non violente, où les ouvriers se libéreraient eux-mêmes des patrons, en s’associant pour vivre et produire en commun et avec les bénéfices faire naître de nouvelles communautés. Il décrit en détail l’organisation future baptisée L’Intégrale dans la Réalisation du bonheur (1916). Dès 1917, l’association fondée et ses statuts déposés, il lance avec succès un emprunt auprès des militants et des milieux enseignants et de fonctionnaires. Sa retraite obtenue en 1922, il achète au nom de l’Intégrale et par l’intermédiaire de Maurice Ardilouze — trésorier de la section socialiste de Puch d’Agenais — un domaine agricole, près de ce petit bourg du Lot-et-Garonne. L’expérience est bien accueillie par Renaud Jean, député communiste du Lot-et-Garonne, par les instituteurs socialistes et surtout des milieux libertaires : Louis Rimbault, et surtout E. Armand, qui traite du phalanstère de l’agenais dans l’En dehors. Mais le commerce des livres et l’agriculture sont peu florissants, l’expérience ne subsiste qu’avec l’aide des amis de Coissac. L’Intégrale disparaît en 1935. La propriété est vendue pour rembourser les créanciers, Victor Coissac se retire à Mondinet, dans le Gers, près du hameau de Grazimis (commune de Condom) où il entretient dans le plus grand désarroi moral, et jusqu’à sa mort le 7 mars 1941, la fiction d’une nouvelle communauté, « l’Idéale », uniquement composée de lui-même, de sa compagne Suzanne Le Boudec, ancienne intégraliste et de leur fils, Georges, né en 1928.
(Source : Le Maitron. Dictionnaire biographique. Mouvement ouvrier, mouvement social, [En ligne], URL : http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?page=article_long&id_article=106240, consulté en mars 2014.)