Dijon, 1788 - États-Unis, Saint-Louis, Missouri, 1858
Fils d’un maître-artisan tonnelier dijonnais, Étienne Cabet devient avocat mais se trouve rayé du barreau à la Restauration pour avoir défendu des antiroyalistes. Procureur général en Corse, il est révoqué en 1831 pour ses opinions démocratiques, fuit à Bruxelles, à Londres, à New Lanark en Écosse et revient en France en 1839. Toujours hostile au régime, il fonde le journal Le Populaire et publie l’Histoire populaire de la Révolution française de 1789 à 1830 ainsi qu'un roman utopique Voyages et Aventures de lord William Carisdall en Icarie (1840). Il dénonce le coup d’état de Louis-Napoléon Bonaparte et s’exile à nouveau en Angleterre. Ennemi de la violence, Cabet a toujours défendu l’exemple, la discussion et l’autodiscipline.
Influencé par More, Rousseau et Owen, Voyage en Icarie est la réédition d’une première œuvre, publiée sans nom d’auteur, en 1839. C’est l’histoire de William Carisdall qui, en 1835, passe quelques mois en Icarie, grande communauté de plus d’un million d’habitants, société communiste à l’industrie développée. La capitale, Icara, est une ville circulaire à l’architecture géométrique. La ville est propre, sans cafés ni hôtels particuliers. Quatre principes l’organisent : « Premier droit : vivre », « Premier devoir : travailler », « À chacun selon des besoins », « De chacun selon ses forces ». Ni commerce de détail ni monnaie. À la base de la communauté, une égalité parfaite dans laquelle tous sont associés. Son système républicain est régi par le suffrage universel. Conséquence logique : tous les métiers se valent, l’éducation se passe d’émulation et de punition, le mépris public sanctionne les coupables en l’absence de prisons et de tribunaux, le mobilier et l’habillement sont uniformisés. « La passion aveugle pour la liberté est une erreur, un vice, un mal grave ».
Voyage en Icarie sera maintes fois critiqué pour son totalitarisme mais de nombreuses communautés tenteront de respecter ses principes. Après la révolution de 1848, Cabet rejoint aux États-Unis ceux de ses disciples qui veulent réaliser Icarie, d’abord au Texas, puis en Illinois, où il fonde la communauté de Nauvoo. Il meurt à Saint-Louis en 1856, juste après y avoir créé la Communauté icarienne de Cheltenham. La dernière colonie icarienne, Nouvelle Icarie, à Corning, Iowa, disparaît à la fin du XIXe siècle.
(Sources : Burdeau (François), « Cabet Étienne (1788-1856) », Encyclopaedia Universalis, [En ligne], URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/etienne-cabet/, consulté en avril 2014 ; Base biographique bourguignonne, [En ligne], URL : http://www.crl-bourgogne.org/index/bio_fiche/630/cabet_etienne.html, consulté en avril 2014 ; Bibliothèque nationale de France, « Expositions Bnf », notice « Cabet (Étienne) [1788-1856] », [En ligne], URL : http://expositions.bnf.fr/utopie/cabinets/rep/bio/5.htm.)