Royaume-Uni, Dunee, 1795 – États-Unis, Cincinnati, Ohio, 1852
Frances Wright perd ses parents lorsqu’elle a deux ans et est élevée en Angleterre par des membres de sa famille. En autodidacte, elle publie à l’âge de 24 ans Altdorf (1819), une pièce sur l’indépendance de la Suisse, et en 1822 un pamphlet utopiste A Few Days in Athens. Libre penseuse ardente et controversée, elle se rend pour la première fois aux États-Unis en 1818 et rassemble ses impressions de voyage dans un récit à succès, Views of Society and Manners in America (1821). En 1824, elle suit La Fayette, ami proche et confident, dans son dernier voyage aux États-Unis. Elle décide d’y rester et de se consacrer à la cause de l’émancipation des noirs, tant elle a trouvé l’esclavage odieux durant sa première visite.
Après avoir publié un pamphlet, A Plan For the Gradual Abolition of Slavery in the United States Whithout Danger of Loss to the Citizens of the South (1825), dans lequel elle exhorte le Congrès à réserver des terres aux esclaves, où ils pourraient gagner leur vie et acheter leur liberté, elle s’engage dans une expérience d’émancipation raciale et égalitaire. En 1826, elle fonde sa colonie, Nashoba, dans le Tennessee, avec des esclaves affranchis. Elle entretient des contacts étroits avec la colonie oweniste de New Harmony. Lorsque l’expérience de Nashoba échoue, elle repart pour l’Angleterre avec Robert Dale Owen, le fils du fondateur de New Harmony. Elle a la malaria, et le climat du Tennessee ne lui convient pas. Elle confie la colonie à James Richardson, réformateur d’origine écossaise.
Nashoba représente un tournant radical dans la vie de Frances Wright, qui continue après son départ de défendre la colonie contre ses détracteurs, dont Richardson, condamne la religion, la ségrégation et le mariage. Reconnue et populaire, elle est poussée aux marges de la société américaine, par la majorité pieuse et conformiste qui la craint et l’évite. Elle installe finalement les esclaves émancipés de Nashoba à Haïti.
La fin de la carrière réformatrice de Frances Wright ne comporte pas d’autre expérience communautaire. Elle se marie avec l’un des membres de New Harmony, William Phiquepal d’Arusmont, dont elle divorce rapidement, et travaille avec Robert Dale Owen sur des projets concernant les droits des femmes et les écoles publiques libres. Installée à Cincinnati en 1835, elle publie England, The Civilizer, un ouvrage appelant à la paix et au fédéralisme mondial.
(Source : Fogarty (Robert S.), Dictionnary of American Communal and Utopian History, 1980, p.121-122.)